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MUSECLIO

Dernière lettre de JEAN ALBA, de Saint Hilaire sous Romilly

27 Octobre 2007 , Rédigé par J.-V. Martineau Publié dans #Activités et conférenciers

 

Voici le texte de la lettre communiquée  par Madame Collot le 22 octobre 2007.

 

 

Jean Alba, garçon de 20 ans, était cantonnier à Saint Hilaire sous Romilly. Il a
été arrêté le 7 mars 1944 au maquis du Vignot, à la limite de l'Aube et de
l'Yonne, puis emprisonné rue Hennequin à Troyes. Enfin, il a été fusillé le
8 juin 1944 à Montgueux.

 



Dernière lettre d’un jeune fusillé à Montgueux

 

                       

                                                           Le 8 juin 1944

 

 

 

 

                        Cher Papa, chère Maman, chers Christiane, Gabriel, Antoine, Huguette et Nolette chéris,

 

 

            Aujourd’hui dimanche 4 juin, je viens de recevoir votre lettre qui m’a fait un très grand plaisir et qui m’a fait pleurer en pensant que je ne vous verrai plus jamais, car vous savez tous le grand malheur qui m’est arrivé.

 

            Jamais je n’aurais pu vous l’apprendre moi-même, j’ai vu l’avocat Maître Jactat hier, il m’a dit que maman était venue avec la Maman de Fernand le trouver vendredi. Je ne vous dit qu’une chose : soyez très courageux car je sais que je vous fait très souffrir. Jamais je n’aurais pensé cela lorsque je suis parti, ce que j’ai fait ne méritait quand même pas la mort.

 

            Je demande et je veux que vous soyez tous heureux, que Christianne soit très heureuse dans son existence et très sérieuse, que Gabriel et Antoine vous aident jusqu’au bout, qu’ils vous obéissent et qu’ils ne vous fassent aucun ennui, qu’ils écoutent bien les conseils de Papa et de Maman, qu’ils soient très sérieux.

 

            Huguette et Nolette qu’elles grandissent en bonne santé, vous leur expliquerez plus tard ce que j’étais, que je ne les oubliais pas, que je les aimais et les adorais.

 

 

            Papa soit très courageux, remonte le moral à Maman. Soyez très forts pour subir ce choc, car je m’en veux beaucoup de vous faire tant de peine.

 

            Jamais je n’aurais pensé vous faire tant de mal car malgré les misères que je vous faisais, je vous aimais beaucoup.

 

 

            Soyez très courageux, car je meurs en bon soldat en essayant de délivrer la France, je meurs en très bon soldat, très fier, la tête haute.

 

 

            Je dis adieu à tous les copains et les copines qui m’aimaient, car j’avais beaucoup de camarades.

 

            Je dis adieu à Monsieur et Madame Bertrand qui étaient bons pour moi, à Monsieur et Madame Dupont et leurs enfants, à Monsieur et Madame Gravier et leurs enfants ; à mes camarades Jean Baudin, Michel, Gilbert, Odette et leurs parents, Guy Carré et ses parents, Jean et Maurice Fuentès ; Monsieur Drappier et Jeannine et leurs parents ; Jeannette, le grand Walter le bon camarade, Simonne Flamand, Georges et leurs parents et Lucienne que je n’oublie pas ; à tout le monde que j’ai connu qui m’aimait et qui pensait à moi.

 

 

            Adieu à Bernard à qui je souhaite plus de bonheur qu’à moi.

 

 

 

                                                                      Jean ALBA

 

 

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